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10 mars 2014

Réparer les vivants

réparer les vivants

Maylis De Kerangal

Editions Verticales

18,90€

 

 

L'avis de Vanessa :

 

Simon Limbres est mort. Sorti du lit avant l'aube pour une session de surf exceptionnelle avec ses copains, Simon ne rentrera jamais chez lui. Simon est mort donc, à 19 ans, dans un banal accident de voiture, et de cette tragédie va naître une épopée de 24h, une aventure humaine absolument magnifique !

Marianne Limbres, la mère de Simon, reçoit un appel de l'hôpital : il y a eu un accident, son fils est en réanimation, c'est grave. Alors le temps s'accélère et se fige tout à la fois et la plongée en enfer ne semble pas vouloir finir. Chaque geste, chaque instant est désormais marqué de cette réalité, de ce mot "irréversible" dont on peine à comprendre le sens car enfin comment admettre l'impensable ? Mais on a pas de temps justement, ce temps indispensable pour comprendre que son enfant est mort, que déjà on parle de don d'organes, que déjà on doit décider. Décider si oui ou non on va permettre que son fils soit dépouillé, mutilé dans sa chair, alors que ce don ne peut faire sens pour l'instant, même si on pressent qu'un jour on y puisera une forme d'apaisement. 

Et puis il y a tous les autres, une foule de personnes qui gravitent autour de ce drame, toute une machine qui se met en branle dès lors que le don est envisagé, une chaîne minutieusement huilée où chaque élément est parfaitement maîtrisé. Le coordinateur, les medecins, infirmiers, chauffeurs, pilotes, anesthésites, patients dans l'attente, jusqu'aux organes eux-mêmes quasiment personnifiés qui changent de corps pour en faire vivre d'autres, tous suspendus à l'horloge et à la décision des proches. Le surf alors, qui passionnait tant Simon, apparaît comme une parfaite métaphore de ce qui se joue entre les protagonistes de l'histoire. A la fois cruel et miraculeux, toujours sur le fil, savoir saisir le bon moment et trouver la juste mesure, la seule possible, entre l'urgence des uns et la douleur des autres, et tous convergent vers un seul but commun : "enterrer les morts et réparer les vivants".

Maylis De Kerangal nous sert ici un roman puissant, où les histoires intimes de chacun convergent ensemble vers la vie inestimable, et interroge sur la valeur du corps et des émotions et sur le temps dont chacun dispose. Un texte raconté d'un seul souffle, où se côtoient une violence et une beauté inouïes, éblouissant !

 

 

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